postcrossing
Publié le 26 Janvier 2014
Enfant, quand j'avais réussi quelque chose de particulièrement chouette (examen, spectacle, exploit sportif balade du dimanche en famille sans râler), mon papa me laissait parfois choisir dans sa propre collection de cartes (il en avait un tiroir entier dans son bureau) une petite récompense. Sa maman à lui quant à elle nous envoyait toujours "une petite enveloppe" pour nos anniversaires dans laquelle elle joignait quelques mots de sa main sur un carton glissé dans une jolie carte double, qu'on pouvait à son tour réutiliser pour un autre éventuel futur envoi*. Sans parler de la visite obligatoire à la boutique du musée quand on allait voir une expo: bref, vous l'aurez compris, habitude familiale de longue date oblige, j'ai une tendance à la collectionnite quand il s'agit des cartes postales.
J'en ai des dizaines: de mes vacances au Portugal à 13 ans, de cette visite au British Museum à 14, de tous ces chats hérités de ma cousine (qui elle-même les collectionnait avec furie), de cette période où je parcourais le monde avec des photos de ma ville dans mon sac à dos pour montrer à quoi ça ressemblait chez moi quand on me le demandait, et encore des tas et des tas et des tas d'autres glânées au fil des expos, des voyages et des bistrots.
Qui somnolent, bien rangées, dans un carton, dans un placard, dans l'attente des quelques rares occasions annuelles d'êtres sorties et manipulées (il m'arrive quand même d'en envoyer, si, si!).
Toutes ces jolies choses chargées de souvenirs mais qui finalement ne font que prendre la poussière, c'est un peu dommage, non?
C'est exactement dans cet état d'esprit que j'ai commencé à pratiquer le postcrossing: ainsi mes cartes voyagent et continuent d'avoir une vie après que je m'en sois lassée. Le rêve.
Mais comment ça fonctionne, plus concrètement? Il existe sur facebook des tonnes de groupes qui se réveillent chaque année en juin-juillet pour organiser des envois massifs de cartes postales de ses vacances (il paraît que certaines personnes en envoient même sans s'être inscrites au préalable sur un réseau social, mais aucune étude sérieuse ne s'est pour l'instant penchée sur le sujet). Moi j'aime bien postcrossing.com, un site tout simple sur lequel il suffit de se créer un profil en décrivant quel genre de carte on aime(rait) recevoir et de cliquer sur "envoyer une carte postale" pour se voir attribuer une adresse au hasard. Ceux qui le souhaitent peuvent démarrer une correspondance plus soutenue, mais en principe on ne sait de l'expéditeur que ce qu'il a écrit sur sa carte et éventuellement mentionné sur son profil. Chaque carte est "pistable" grâce à un numéro de suivi attribué en même temps que l'adresse et on peut télécharger sur son profil les images associées.
J'aime bien farfouiller dans le carton qui contient ma collection pour trouver "la" carte. Parfois je sais dès la lecture du profil quelle carte je vais envoyer, parfois c'est plus compliqué. Dans le texte j'aime bien parler de l'histoire de cette carte, comment elle est arrivée à moi et pourquoi j'ai eu envie de l'envoyer à cette personne précise. J'aime aussi découvrir les nouvelles cartes dans ma boîte aux lettres. Dans mon profil, j'ai dit que j'avais un faible pour le kitsch, le moche et le décalé: c'est assez intéressant de voir ce que ça évoque chez des gens qui viennent de différents endroits de la planète. Certaines cartes reçues sont mises en expo dans mon entrée, d'autres me servent de marque-page dans mes millions de livres quelque temps, d'autres enfin me laissent plus perplexe et finissent rapidement aux vieux papiers. Petit bonus: j'ai une copine qui collectionne les timbres, je les lui mets donc religieusement de côté et, de temps en temps, elle a droit elle aussi à sa "petite enveloppe".
Et vous, vous envoyez des cartes?
* Vous avez dit calvinisme?