"oh et puis merde"
Publié le 11 Juin 2014
Le point "oh et puis merde" (et le hashtag qui s'y rapporte #ohetpuismerde) aurait, selon la légende, été théorisé de manière formelle au cours d'un déménagement. Imaginez: après des mois de recherche, vous avez enfin mis le grappin sur votre prochain logement. Joies du timing, vous n'aurez quoi qu'il arrive de-toute-façon-jamais-le-temps pour tout empaqueter, transporter, déballer, réarranger, sans compter qu'avant ça, il s'agira de trier 1. ce qui reste; 2. ce qui part; 3. ce qui va de toute façon s'abimer en cours de route; 4. oh ce vieux pull moche reçu de tata Véronique je l'avais oublié!, bref vous voyez le tableau. (d'ailleurs c'est très très bien raconté ici)
A moins de pratiquer le minimalisme hardcore, il y a fort à parier qu'à un moment ou à un autre vous atteindrez un point de raz-le-bol extrême, à l'occasion duquel il est plus que probable que vous décidiez de tout balancer à la poubelle et punkt, schluss. C'est le point "oh et puis merde".
Dans la vie de tous les jours, il arrive à tout le monde (ou en tout cas, dans l'objectif d'une santé mentale plus ou moins viable, c'est ce qu'il faudrait, après tout YOLO), parfois ou plus souvent, de tout envoyer balader. Cela peut être difficile à vivre moralement lorsqu'on se conçoit comme quelqu'un de valeurs, investi d'une sorte de mission divine qui vise à corriger le monde de ses erreurs. Ne riez pas, nous sommes tous concernés, du grammar/fact/[compléter ici] naziE ("No I can't come and eat: someone is WRONG on the internet.") au maniaquE de la récup' ("Ah mais non, il faudrait être fou pour jeter ça, on-sait-jamais-ça-peut-toujours-servir.") en passant par l'obsédéE de l'organisation ("Chaque chose à sa place, et il est hors de question de mettre les moutons dans un autre carton que le chien qui les garde, même si avec ce vieux pull moche reçu de tata Véronique ça pourrait paraître cohérent à cause de la laine.")
Dans ces cas-là, le point "oh et puis merde" peut vous aider, une fois de temps, à passer plus sereinement à l'acte (oh le vilain gros mot). Et manger ainsi sans arrière-pensée de cette salade de fruits en conserve pleine de bananes issues de l'esclavage parce que vous avez juste FAIM là maintenant et que ça reste encore l'option la moins pire. Ne pas, pour une fois, recycler vos trognons de pomme en une gelée maison qui fera le délice de vos petits-déjeûner mais les dégager directement au compost. Ou pourquoi pas, mettre ce pull moche reçu de tata Véronique au recyclage textile même si vous ne l'avez jamais porté.
Pourquoi vous parle-je aujourd'hui du point "oh et puis merde"? Simplement, parce que c'est un outil conceptuel qui peut parfois se montrer utile. Vous verrez.
Sur un thème pas si éloigné, AntigoneXXI a publié ce printemps ce billet intitulé "Faut-il être parfait pour être engagé". Je vous conseille vivement de le parcourir.